75 ans de la Convention : un instrument vivant dans un monde qui change

Dans le cadre des Mercredis du Conseil de l’Europe, une conférence s’est tenue le 14 mai 2025 au Lieu d’Europe, à Strasbourg, à l’occasion du 75e anniversaire de la Convention européenne des droits de l’homme. Intitulé La Convention européenne des droits de l’homme : 75 ans de protection des droits humains en Europe, cet événement a été l’occasion pour les juges de la CEDH de revenir sur l’importance que revêt la Convention et sur sa nature évolutive.
Mattias Guyomar, président élu de la Cour et juge élu au titre de la France, a ouvert la conférence en réaffirmant l’engagement de la Cour en faveur de la sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales consacrés dans la Convention. Dans son allocution, il a évoqué l’importance historique et institutionnelle que revêt cette date clé, en particulier dans le contexte géopolitique actuel, et il a rappelé que la Convention demeure un instrument vivant au service des droits de l’homme.
« La Convention appartient à chacun de nous », a déclaré le président élu, qui a également ajouté : « Nous devons faire preuve d’intolérance face à l’intolérance en matière de droits humains ».
Alain Chablais, juge élu au titre du Liechtenstein, a expliqué comment la Convention avait évolué au travers de ses Protocoles, lesquels ont permis d’enrichir la Convention initiale d’un ou plusieurs nouveaux droits ou d’en modifier certaines dispositions. Il a pris pour exemple le Protocole n° 11, qui a établi la « nouvelle Cour » et offert à toute personne physique, toute organisation non gouvernementale ou tout groupe de particuliers se prétendant victime d’une violation la possibilité de saisir directement la Cour pour que l’État concerné en réponde. Il a également salué les grandes avancées obtenues grâce aux Protocoles n°s 6 et 13, qui ont abouti à l’abolition de la peine de mort en toutes circonstances.
En conclusion, Stéphanie Mourou-Vikström, juge élue au titre de Monaco, a insisté sur la responsabilité qui incombe à la Cour d’interpréter la Convention d’une manière qui parle à chacun des 46 États membres. Citant plusieurs affaires emblématiques, elle a montré comment la Cour interprète la Convention afin de refléter les réalités et valeurs sociétales d’aujourd’hui.